Le guide du vietnam

Tout ce qu'il faut savoir pour bien préparer son voyage au Vietnam

     Le guide du Vietnam, site d'accueil du forum Vietnam Voyage et Monde: Présentation du Vietnam

Le Vietnam

Drapeau du Viêtnam

1. Présentation du Vietnam

2. Son milieu naturel

3. Population et société vietnamiennes

4. Économie du Vietnam

5. Petit rappel sur l'histoire du Vietnam

 

1. PRÉSENTATION

 

Le drapeau du Viêtnam:

L'étoile d'or rassemble les ouvriers, les paysans, les intellectuels, les jeunes et les soldats, sur le fond rouge de la révolution. Ce drapeau, dont l'origine remonte aux combats contre les occupants japonais en 1940, a été adopté par la République démocratique du Viêt Nam en 1955, puis par le pays réunifié en 1976

L'hymne du Vietnam:

Soldats vietnamiens, nous allons de l'avant,
Mus par une même volonté sauver la patrie.
Nos pas redoublés sonnent sur la route longue et rude.
Notre drapeau, rouge du sang de la victoire, porte l'âme de la nation.
Le lointain grondement des canons rythme les accents de notre marche.
Le chemin de la gloire se pave de cadavres ennemis.
Triomphant des difficultés, ensemble, nous édifions nos bases de résistance.
Jurons de lutter sans répit pour la cause du peuple.
Courons vers le champ de bataille !
En avant ! Tous ensemble, en avant !
Notre patrie vietnamienne est solide et durable.

Soldats vietnamiens, l'étoile d'or au vent
Conduisant notre peuple et notre patrie hors de la misère et des souffrances.
Unissons nos efforts dans la lutte pour l'édification de la vie nouvelle.
Debout ! D’un même élan, rompons nos fers !
Depuis si longtemps, nous avons contenu notre haine !
Soyons prêts à tous les sacrifices et notre vie sera radieuse.
Jurons de lutter sans répit pour la cause du peuple.
Courons vers le champ de bataille !
En avant ! Tous ensemble, en avant !
Notre patrie vietnamienne est solide et durable.

Le Viêt Nam est bordé au nord par la Chine, au sud et à l’est par la mer de Chine méridionale, à l’ouest par le Cambodge et le Laos. Son territoire actuel couvre une superficie de 325 490 km² et englobe les trois provinces issues du découpage colonial : Bac Ky (Tonkin), Trung Ky (Annam) et Nam Ky (Cochinchine). Le 17e parallèle a servi de frontière artificielle entre le nord et le sud du pays entre 1954 et 1976.

Sa capitale est Hanoï, tandis que sa principale métropole économique est Hô Chí Minh-Ville.

carte nord vietnamcarte sud vietnam

Retour...

2. MILIEU NATUREL

Relief et hydrographie

À l’est de la péninsule indochinoise, le Viêt Nam occupe une longue bande de terre en forme de S qui s’étire sur 1 700 km du nord au sud. Sa largeur n’excède pas 300 km (50 km dans la région centrale). Le relief du pays est contrasté, alternant les montagnes et les hauts plateaux qui couvrent près des deux tiers du territoire, et les plaines où vivent 80 p. 100 de la population.

Au nord, les monts du Tonkin s’étendent en éventail de la frontière chinoise (province du Guangdong) à celle du Laos. Ils sont formés de massifs cristallins aux formes arrondies et de plateaux calcaires, entrecoupés de vallées profondes (orientées nord-ouest / sud-est), où les cours d’eau sont soumis à des crues soudaines.

Dans la plaine du Tonkin, qui donne son nom à la région, le débit du Sông Hông (fleuve Rouge) peut passer de 700 à 30 000 m3/s, après les pluies de mousson, et son niveau peut s’élever jusqu’à plus de 10 m en 24 heures. Le cours inférieur du fleuve et ses défluents ont été endigués. Son delta (14 000 km2) progresse de 100 m par an, immédiatement mis en culture. Le Sông Hông est primordial pour les agriculteurs vietnamiens puisqu’il a permis l’instauration de la riziculture, mais ses crues peuvent se révéler très dangereuses.

Entre les vallées du Sông Hông et du Sông Da (rivière Noire), des rochers abrupts forment un rempart où culmine le Fan Si Pan (3 143 m), le plus haut sommet du pays. Au nord-est du Sông Hông, à partir de Cao-Bang et Lang Son, une dépression parsemée de reliefs karstiques et de pitons rocheux donne son aspect caractéristique à la baie d’Along qui s’ouvre sur le golfe du Tonkin. La région côtière est constituée de plaines alluviales, de lagunes et de deltas débouchant sur la mer de Chine.

La cordillère Annamitique est l’épine dorsale du pays. Constituée de chaînons dissymétriques, elle s’étire du nord-ouest au sud-est, des confins du Laos au Quang Nam, sur le 16e parallèle. Inclinée en pente douce vers les plateaux intérieurs, elle domine les plaines littorales qui bordent la mer de Chine méridionale, à l’est. Des cols peu élevés, Mu Gia et Ai Lo (350 m), permettent une communication assez aisée entre les deux versants.

Une série de hauts plateaux (50 000 km2) commence au sud du Quang Nam et se termine par un rebord escarpé en lisière de la Cochinchine. Leur structure est complexe, cristalline dans le massif du Ngoc An, qui culmine à 2 598 m, et basaltique dans le Kontum, le Pleiku, le Dac Lac et le Dalat.

La Cochinchine est occupée essentiellement par une plaine basse et alluvionnaire formée par le delta du Mékong (Nam Bô, 67 000 km2). Deuxième grand fleuve du Viêt Nam, le Mékong est aussi le cinquième fleuve d’Asie. Son tracé irrégulier traverse le Cambodge, le sud du Viêt Nam et se déverse dans la mer de Chine méridionale en formant plusieurs bras qui alimentent la plaine des Joncs.

En règle générale, les sols limoneux des plaines sont très fertiles tandis que les montagnes sont souvent couvertes de latosols (latérite). Peu propices à l’agriculture quand ils sont formés sur des roches mères acides, ces sols rouges comptent parmi les meilleurs du Viêt Nam et sont utilisés pour les plantations d’hévéas lorsqu’ils sont formés sur des roches mères basaltiques.

Climat

Le climat du Viêt Nam varie selon les régions, en fonction de l’altitude et de la latitude. Il est tropical au nord et subtropical au sud.

Comme les autres pays de l’Asie du Sud-Est, le pays est soumis au régime des moussons, caractérisé par des étés chauds et pluvieux. Le phénomène de mousson se combine à l’action des cyclones tropicaux qui jouent un rôle essentiel dans la distribution des pluies. En effet, les typhons, responsables des maximums pluviométriques, abordent le littoral oriental à des époques différentes de l’année : en juin-juillet pour le nord du pays ; en août pour le Viêt Nam central ; puis en septembre-octobre pour le sud.

La moyenne des précipitations dépasse 1 500 mm par an. Sur les plateaux protégés de l’influence de la mousson et des cyclones par le rebord de la cordillère Annamitique, les précipitations atteignent 3 000 mm par an et peuvent dépasser les 4 000 mm dans certaines régions.

À Hanoï, une longue saison sèche précède la saison humide, qui s’étale de juin à septembre (1 746 mm). Les hivers sont très frais, la moyenne minimale des températures atteignant à peine 16 °C, en janvier, phénomène exceptionnel à cette latitude. Des pluies fines et humides, quasi journalières, sont également enregistrées de février à avril. Les contrastes thermiques diminuent dès que l’on franchit la porte d’Annam, au centre du pays. Dans les zones méridionales où l’influence équatoriale se fait sentir, la saison sèche est plus chaude, avec des moyennes mensuelles oscillant entre 25 et 28 °C.

Végétation et faune

Au Viêt Nam, la végétation se caractérise par une forêt tropicale dense à feuilles vertes persistantes, déciduales (caduques) dans les régions de plateaux. Toutefois, l’action de l’Homme, la déforestation à usage domestique et agricole (bois de chauffage, agriculture sur brûlis) ainsi que l’usage massif de défoliants par l’armée américaine pendant la guerre ont modifié le couvert végétal, transformant dans certaines zones la forêt tropicale en savane.

L’essence principale est le teck, surnommé « bois de fer ». Il est réputé imputrescible et est employé pour la construction. Il existe également une grande variété de pins et des arbres à larges feuilles (vignes et bambous).

La faune vietnamienne, très riche, est similaire à celle des autres pays du Sud-Est asiatique. Les grands mammifères comme l’éléphant et le tigre d’Indochine sont encore présents.

Retour...

3. POPULATION ET SOCIÉTÉ

Démographie

Les Vietnamiens, originaires des montagnes de Chine méridionale, se sont imposés aux populations mélanésiennes et indonésiennes au cours du Ier millénaire av. J.-C. et représentent aujourd’hui 88 p. 100 de la population. Mais il existe une cinquantaine de petits peuples, répartis sur tout le territoire. Parmi les minorités du nord, certaines sont sédentaires (Thaïs, Muongs), d’autres semi-nomades (Tibéto-Birmans, Miao-Yao). Elles diffèrent par la langue et souvent par la répartition de leur habitat. Ainsi, au Tonkin, les Thaïs occupent toujours les premières pentes des zones montagneuses ; puis, entre 300 et 800 m vivent les Mans ; enfin, à partir de 900 m sont établies les tribus Meos. Dans le Centre vivent encore des Proto-Indochinois, les Mois (Jarai, Ede, Bahnar, Sedang et Mnong), qui occupent les hauts plateaux. Au sud, dans la plaine du Nam Bô, subsiste une importante minorité khmère ainsi que des Chinois, concentrés dans la ville de Cholon (rattachée à Hô Chí Minh-Ville).

La population du Viêt Nam s’élevait à 48,1 millions d'habitants en 1975 ; elle comptait 84,4 millions d'habitants en 2006. La croissance annuelle continue à augmenter, après un léger infléchissement (2,38 p. 100, entre 1990 et 1995, contre 2,24 en 1975 et 2,15 en 1985).

La densité s’est également accrue, passant de 145,6 à 259 habitants au km², en 2006. Cependant, ces chiffres ne traduisent pas la réalité de la situation dans les plaines rizicoles, notamment au Tonkin où la moyenne est supérieure à 500 habitants au km2 (et à 1 000 dans certaines zones). La population du Viêt Nam est jeune : environ 37 p. 100 ont moins de 15 ans tandis que 5,8 p. 100 seulement ont plus de 65 ans. L’espérance de vie moyenne est de 70,8 années (2006).

Si l’urbanisation a progressé, l’essentiel de la population (74 p. 100) vit encore en zone rurale. Les Vietnamiens ont beaucoup souffert des longues années de guerre. En effet, tout au long de la guerre du Viêt Nam, d’importantes migrations se sont opérées, de la campagne vers la ville et du nord vers le sud, provoquant le surpeuplement d’agglomérations comme Hô Chí Minh-Ville (jusqu’à 4 millions d’habitants à certaines périodes). En outre, l’usage des armes chimiques a entraîné des malformations congénitales chez les nouveau-nés (1 enfant sur 100). Enfin, depuis la réunification, l’installation du gouvernement communiste à Hanoï a fait fuir des milliers de Sud-Vietnamiens (les boat people) ainsi que des Chinois, en raison du conflit sino-vietnamien.

Découpage administratif et villes principales

Le Viêt Nam est divisé en 7 régions et 61 provinces ; Hanoï, Haiphong et Hô Chí Minh-Ville forment trois districts spéciaux. La plupart des centres urbains sont situés dans le sud du pays. De toutes les grandes villes, seule la capitale, Hanoï, n’est pas située sur le littoral. Les autres grandes villes sont Hô Chí Minh-Ville (Saïgon), Haiphong et Đa Nang près de l’ancienne cité impériale de Huê.

Institutions et vie politique

La Constitution adoptée en 1980 et révisée en 1992 est largement inspirée de celle de la république du Viêt Nam du Nord. Elle confère au Parti communiste un rôle dominant au sein du gouvernement et des institutions représentatives de la société. Le gouvernement agit par l’intermédiaire du Front patriotique du Viêt Nam, qui regroupe partis satellites, syndicats et organisations sociales.

L’Assemblée nationale élit pour cinq ans le chef de l’État qui promulgue les lois et les décrets. Il préside le Conseil d’État et, en tant que commandant des forces armées, le Conseil national de défense et de sécurité. Le Premier ministre, chef du gouvernement, nomme les ministres ; il est élu par l’Assemblée devant laquelle il est responsable.

L’Assemblée nationale, élue au suffrage universel pour cinq ans par tous les citoyens âgés de plus de dix-huit ans, est le corps législatif suprême. Les nominations gouvernementales sont ratifiées par l’Assemblée nationale.

La plus haute instance juridique est la Cour suprême du peuple, dont le président et le procureur sont désignés par l’Assemblée nationale. À la base de l’édifice se trouvent les tribunaux populaires.

Les conseils du peuple sont les instances administratives de base. Chaque conseil délègue à un comité populaire élu l’administration de la commune.

Le Parti communiste vietnamien demeure le parti politique dominant. Toutes les candidatures à l’Assemblée nationale doivent être approuvées par le Front patriotique.

À partir de 1992, l’armée vietnamienne a réduit ses effectifs. Elle compte aujourd’hui 412 000 hommes dans l’armée de terre, 42 000 dans la marine et 30 000 dans l’aviation. Le service militaire est obligatoire à partir de dix-huit ans, mais l’âge légal peut être abaissé à seize ans. Il dure de deux à trois ans suivant l’arme.

Langues et religions

Le vietnamien est la langue officielle parlée par 88 p. 100 de la population. C’est une langue monosyllabique et polytonale qui s’écrivait autrefois avec des caractères d’inspiration chinoise. Cependant, au XVIIe siècle, les missionnaires catholiques ont introduit l’alphabet latin créant le quôc ngu, qui est l’écriture officielle aujourd’hui. D’autres langues sont parlées par les minorités (khmer, thaï, cham, etc.). Le chinois est en régression, en raison du départ d’une partie de cette communauté, ces dernières années. Le français et l’anglais sont également parlés.

La religion la plus répandue au Viêt Nam est le bouddhisme. La minorité catholique romaine (4,5 millions de fidèles) demeure importante. Parallèlement au bouddhisme mahayana, il existe d’autres cultes particuliers au Viêt Nam. Ainsi le caodaïsme (de Cao Dai, « Palais suprême », en vietnamien), fondé en 1920 par Ngô Van Chieu, a été très puissant dans les années cinquante. Il s’inspire à la fois du taoïsme, du bouddhisme, du confucianisme et du christianisme. Comme l’autre secte politico-religieuse, Hoa-Hao, fondée dans les années trente, par le bonze Huynh Phu So, elle a pratiquement été démantelée sous le régime de Ngô Dinh Diêm ; cependant elle subsiste encore, surtout au sud. Le confucianisme, le taoïsme et les autres religions chinoises sont en régression. Les descendants des Chams (environ 40 000) pratiquent l’hindouisme ou l’islam, les peuples montagnards des cultes animistes.

Éducation

Toutes les écoles du Viêt Nam ont été nationalisées à la suite de la réunification. En 1995, 47 p. 100 des enfants âgés de 11 à 17 ans étaient scolarisés. L’enseignement gratuit et obligatoire a permis en vingt ans de réduire l’analphabétisme de 16,6 p. 100 à 6,3 p. 100. Les principales universités du Viêt Nam sont l’université de Hanoï (fondée en 1918), l’Université polytechnique (construite par l’URSS en 1965) et celle de Hô Chí Minh-Ville. Au total, 129 600 étudiants sont inscrits dans les 106 établissements d’enseignement supérieur du pays.

Arts et vie culturelle

La culture vietnamienne a subi le choc de deux civilisations étrangères : chinoise et française. Langue des lettrés, le chinois n’est jamais devenu langue nationale ; langue de la période coloniale, le français n’a pas non plus supplanté le vietnamien. Le Viêt Nam a assimilé tous leurs apports sans perte d’identité. Toute une tradition populaire à base de proverbes, de dictons, de contes et de chansons n’a cessé de se développer, que ce soit sous la domination chinoise ou après.

C’est sous les Trân que sont apparues les premières œuvres en langue nationale chu nôm (populaire), un système de transcription combinant deux caractères chinois, l’un donnant la prononciation en vietnamien, l’autre donnant le sens. Grâce au chu nôm, les ouvrages de poètes anciens comme Nguyên Trai (1380-1442) sont parvenues jusqu’à nous. Le plus long roman en vers de la littérature vietnamienne le Kim Vân Kiêu, de Nguyên Du (1765-1820), a été composé en chu nôm.

La romanisation de l’écriture au cours de la période coloniale permit à la France de supplanter la Chine. Cette écriture, plus pratiquée, resta en usage et ouvrit le Viêt Nam à l’influence occidentale. C’est en 1925 que parurent les premiers romans écrits en quôc ngu.

Retour...

4. ÉCONOMIE

Généralités

La réunification du pays en 1976 a imposé l’harmonisation de deux systèmes économiques opposés, communiste et capitaliste, marqués l’un et l’autre par les séquelles de la guerre. Au nord, près de 70 p. 100 des infrastructures industrielles avaient été endommagées, tandis qu’au sud les grandes propriétés agricoles avaient été abandonnées. La socialisation de l’économie amorcée au Viêt Nam du Sud échoua, du fait des résistances internes et d’un environnement international défavorable.

Le gouvernement fut alors contraint de lancer un nouveau programme de réforme économique, en 1986, le Dôi moi (« Renouveau »). La fin de l’aide économique et financière soviétique accéléra l’adaptation de l’économie vietnamienne au marché international. Dès 1990, l’État entama une politique de privatisation massive qui aboutit à la fermeture de 3 000 entreprises d’État déficitaires, en l’espace de deux ans. L’objectif était de doubler le revenu par habitant et d’accroître de 50 p. 100 la production de riz avant l’an 2000.

De fait, les résultats furent encourageants. Le produit intérieur brut (PIB) est passé de 8 milliards de dollars en 1985 à près de 45 milliards de dollars en 2004. En 1995, le taux de croissance annuel a atteint 9,5 p. 100. Mais la balance commerciale était déficitaire, en raison de la hausse des importations (biens d’équipement) et l’inflation restait élevée (13,1 p. 100, en 1995). Depuis 1994, les investisseurs étrangers furent surtout asiatiques. Pourtant, la levée de l’embargo et la reprise des relations diplomatiques avec les États-Unis ont permis aux hommes d’affaires américains d’être à nouveau présents, malgré les blocages administratifs et la corruption.

En dépit du bon niveau des résultats économiques, les Vietnamiens demeurent pauvres et les disparités d’une région à l’autre sont fortes. En outre, le chômage touchait 20 p. 100 de la population active, en 1994.

Agriculture, forêts, pêche

En 1994, l’agriculture occupait 67 p. 100 de la population active (27,7 p. 100 du PIB). Elle demeure la principale source de devises (24,5 milliards de dollars, en 1993). Les coopératives ont pratiquement disparu pour faire place à des exploitations privées. La principale culture est celle du riz (25 millions de t produites en 1995, 5e rang mondial), qui occupe 50 p. 100 des terres cultivées. Viennent ensuite la patate douce (2,1 millions de t ; 6 p. 100 des terres cultivées) et le manioc (3 millions de t ; 4 p. 100 des terres cultivées). La principale culture commerciale est l’hévéa (55 000 t de latex). En 1993, le cheptel comptait 14,86 millions de porcs ; 3,1 millions de bovins et 82 millions de volailles.

Les forêts ne couvrent plus que 39,7 p. 100 du territoire (40 p. 100 en 1940). L’exploitation commerciale du bois (teck et bambou) s’est ralentie du fait de l’insuffisance des infrastructures de transport. En 2004, les coupes de bois ont atteint 30,6 millions de m³, destinées à la consommation intérieure (combustible). L’exportation du bois est interdite depuis 1992.

L’étendue du littoral et les nombreux cours d’eau font du Viêt Nam un pays propice à la pêche. La mer de Chine méridionale est particulièrement riche en poissons de toutes sortes. Des exploitations piscicoles existent également à l’intérieur des terres, dans des zones inondées. En 1994, le total des prises s’élevait à 1,1 million de t.

Mines et industries

Les ressources minières sont nombreuses, concentrées dans le nord-ouest du pays (anthracite, phosphates, cuivre, étain, zinc, antimoine et chrome). En 1994, la production annuelle de charbon a été de 6 millions de t, avec des réserves équivalant à 3,2 milliards de t. Le pétrole est exploité depuis 1975. Sa production, régie en grande partie par l’État, était de 8,8 millions de t en 1995. Les réserves étaient évaluées à 68 millions de t au début de 1996, mais elles sont situées dans des zones maritimes revendiquées par la Chine et Taïwan. Environ 3 600 t d’étain ont également été extraites en 1995.

Les principaux sites industriels du Viêt Nam, concentrés au nord du pays, autour de Hanoï, et dans le sud, près de Hô Chí Minh-Ville, ont été presque entièrement réhabilités. Un effort a été effectué afin de rééquilibrer cette répartition et de nouveaux centres industriels apparaissent dans le centre, près de Đa Nang. L’activité industrielle, en plein essor depuis 1992, concerne surtout l’automobile, les raffineries de pétrole, le papier, le ciment, le textile, les produits agroalimentaires, les produits chimiques et les engrais.

La plupart des centrales électriques fonctionnent encore au charbon. Le Viêt Nam possède un potentiel hydraulique estimé à 300 milliards de kWh, qui repose sur deux grandes centrales hydroélectriques : Hoa Binh et Tri An, produisant annuellement 10 milliards de kWh.

Secteur tertiaire

En 1993, le total des exportations s’est élevé à 3 milliards de dollars, dont 24,5 p. 100 concernaient des produits agricoles. La même année, les importations ont atteint 3,92 milliards de dollars (produits raffinés ou manufacturés : carburants, tracteurs, engrais, équipements de transport). Le Japon, Taïwan, Hong Kong, les Philippines, Singapour, la Malaisie, la France et l’Allemagne sont les principaux partenaires commerciaux du Viêt Nam. Depuis 1987, le gouvernement encourage les investissements étrangers afin de stimuler la croissance économique.

L’unité monétaire du Viêt Nam est le dong. Créée en 1951, la Banque nationale du Viêt Nam, située à Hanoï, est la banque d’émission du pays. En 1990, le gouvernement a autorisé la création de quatre banques commerciales privées pour favoriser les investissements étrangers.

Depuis la fin de la guerre du Viêt Nam, des efforts importants ont été fournis pour améliorer les infrastructures. Le pays comptait 215 628 km de routes en 2000, dont environ 25 p. 100 sont pavées ou bitumées. Le réseau ferré, en voie d’amélioration, concentré dans le nord du pays, à l’exception de la ligne Hanoï - Hô Chí Minh-Ville, couvrait 2 205 km. L’étendue du littoral et des voies d’eau (fleuves et canaux) favorise les transports fluviaux et maritimes peu coûteux. Les grands ports de commerce sont Haiphong, Đa Nang et Hô Chí Minh-Ville. Les aéroports internationaux sont situés dans la capitale et à Hô Chí Minh-Ville. Vietnam Airlines assure le transport intérieur et international aérien.

Retour...

5. HISTOIRE

Origines

Les Vietnamiens apparaissent pour la première fois dans l’Histoire à l’âge du bronze (civilisation Dông Son). Les tribus viets, qui vivaient disséminées dans le sud de la Chine et au nord du Viêt Nam, auraient formé des royaumes dès la fin du IIe millénaire. D’après la tradition, le royaume vietnamien de Van Lang a été fondé au cœur de la vallée du Sông Hông par une lignée de rois légendaires (Hông-Bang) qui régnèrent pendant des siècles. Les découvertes archéologiques ont confirmé son existence ainsi que le peuplement par les tribus viets des régions du delta du Sông Hông.

En 208 av. J.-C., sous la dynastie chinoise Qin, le Van Lang est absorbé par le royaume d’Âu Lac qui doit se soumettre à son tour à un royaume « cantonais », le Nam Viêt.

Domination chinoise

En 111 av. J.-C., l’empereur Wudi s’empare du Nam Viêt qui est intégré à l’Empire chinois de la dynastie des Han. Les dirigeants chinois décident d’intégrer politiquement et culturellement à l’empire le Nam Viêt, devenu la province du Giao Chi. L’afflux d’immigrants répand l’usage du chinois, les coutumes, les techniques et provoque de violentes réactions de la part d’une partie de la population.

La révolte la plus célèbre a lieu en 39 av. J.-C., lorsque deux veuves d’aristocrates, les sœurs Trung, soulèvent le peuple contre les Chinois. Mais l’armée chinoise réprime finalement ce sursaut national et, en 43 apr. J.-C., le Nam Viêt est reconquis.

Dynasties nationales

La révolte des sœurs Trung inaugure la première d’une longue série d’insurrections antichinoises dans la région. Ce n’est qu’en 939 que les Vietnamiens, profitant des troubles politiques qui secouent la Chine, peuvent instaurer un État indépendant. La suzeraineté de la Chine est reconnue sous la forme d’un tribut et l’indépendance n’entraîne pas de rupture culturelle. Ly Thai-Tô (ou Ly Cong Uân) monte sur le trône au début du XIe siècle, établissant la dynastie des Ly qui régnera plus de deux cents ans (1010-1225).

Les Ly transfèrent la capitale à Thang Long (Hanoï) et l’État prend le nom du Dai Viêt. L’esclavage est aboli et le royaume se dote de provinces et d’une administration qui s’inspirent du modèle chinois. Le confucianisme, introduit dès le IIe siècle apr. J.-C., demeure le fondement philosophique des institutions politiques de l’État.

Expansion territoriale

Les successeurs des Ly sont les Trân (1225-1413). Au cours de ces deux siècles, le pays doit résister, au nord, aux attaques des Chinois et, au sud, aux assauts des Chams. Au XIIIe siècle, sous la dynastie des Yuan, l’Empire mongol conquiert la Chine et les armées de Kubilaï Khan attaquent le Dai Viêt par trois fois. Les Vietnamiens les repoussent de justesse à Bach Dang en 1288.

Pendant des siècles, le Dai Viêt est limité à la région du Sông Hông et aux plateaux adjacents. Le développement du pays l’amène à entamer une lente progression vers le sud, sur les territoires du royaume de Champa, la puissance dominante en Annam pendant un millénaire. Les Chams, indianisés, résistent longuement aux Vietnamiens jusqu’au XVe siècle. Mais, en 1471, la capitale cham, Vijaya, près de Đa Nang, est envahie par les troupes vietnamiennes, qui détruisent pratiquement le royaume.

Pendant plusieurs décennies, le Dai Viêt poursuit sa progression vers le sud, gagnant ainsi les plaines marécageuses du delta du Mékong. Les Vietnamiens y affrontent un nouvel ennemi, le royaume Khmer. Cependant, au XVIe siècle, ce royaume est sur le déclin et n’oppose guère de résistance à l’invasion vietnamienne. Vers la fin du XVIIe siècle, le Dai Viêt contrôle la zone inférieure du delta du Mékong et commence à progresser vers l’ouest, menaçant de transformer l’État khmer désintégré en un simple protectorat.

Dynastie des Lê

Tandis que l’avancée vietnamienne se poursuit au sud, le nord du pays doit faire face à de nouveaux défis. En 1407, les Chinois reprennent pied au Dai Viêt et, pendant deux décennies, la dynastie Ming occupe le nord du pays en menant une politique de terreur qui lui aliène tout soutien populaire. En 1418, un seigneur du Thanh Hoa, Lê Loi, prend la tête d’une insurrection nationale et accule les Chinois, assiégés dans Hanoï, à signer la paix. Lê Loi monte sur le trône en tant que premier empereur de la dynastie des Lê.

Au XVIe siècle, la dynastie Lê commence à décliner. En effet, deux clans féodaux rivaux, les Trinh et les Nguyên, se disputent le pouvoir. Depuis 1620, les Nguyên ont pour capitale Huê. En 1627, les hostilités commencent et le Dai Viêt se trouve divisé en deux.

La rivalité entre le nord et le sud est encore exacerbée par les puissances européennes, nouvellement arrivées en Asie du Sud-Est avec la ferme intention de trouver de nouvelles richesses à exploiter et de convertir de nouvelles âmes au christianisme. Ainsi, des marins portugais ont débarqué en 1516 et, au XVIIe siècle, la Cochinchine est devenue une base marchande importante. Mais le succès des nouveaux arrivants effraie les dirigeants vietnamiens qui prennent des mesures de proscription contre les missionnaires et les marchands, comme en Chine et au Japon. Les hostilités entre les Trinh et les Nguyên cessent en 1674. L’appui des Portugais et le grand commerce maritime font de la Cochinchine, arrachée au Cambodge et annexée en 1698, la région la plus dynamique du Dai Viêt.

La dynastie des Lê s’effondre sous les coups de la grande révolte Tây Son. En 1771, les paysans du Binh Dinh, conduits par trois frères, les Tây Son, se révoltent et chassent les Nguyên. Dès 1778, l’aîné des trois frères, Nhac, se proclame empereur et prend le titre de Thai Duc. Au nord, les Trinh, en pleine décadence, cèdent également la place. Le plus jeune des trois frères Tây Son, Huê, monte sur le trône en 1788 sous le nom de Quang Trung. Il meurt peu après.

Colonisation française

C’est dans les années 1620-1630 que les premiers missionnaires français arrivent en Indochine. Le jésuite Alexandre de Rhodes organise une mission au Tonkin avant d’être expulsé pour avoir fait imprimer un catéchisme en écriture romanisée quôc ngu. La fondation de la Société des missions étrangères, en 1664, amplifie le mouvement. Lorsqu’en 1784 le prince Nguyên Anh se réfugie à Bangkok, il y rencontre Mgr Pierre Pigneau de Béhaine (1741-1799), vicaire apostolique de Cochinchine. Persuadé de l’intérêt d’aider le prince héritier, le prélat convainc Louis XVI de signer un traité d’alliance (1787) avec Nguyên Anh et revient avec des navires et une troupe de mercenaires. Son aide permet au jeune prince de battre ses adversaires Tây Son. En 1801, il s’empare de Huê et, en juillet 1802, il entre dans Hanoï et devient empereur sous le nom de Gia Long.

Le Dai Viêt est rebaptisé Viêt Nam en 1804. L’État, épuisé par des décennies de guerres, est restauré par Gia Long et ses successeurs : Minh Mang (1820-1840) et Thieu Tri (1840-1847). La fiscalité, la justice (code Gia Long de 1812), l’armée sont réformées et de grands travaux sont entrepris, comme le percement de la route mandarine reliant la frontière chinoise au Cambodge. Parallèlement s’opèrent les transformations annonciatrices des grands bouleversements que va connaître le Viêt Nam au XXe siècle. Les commerçants et les missionnaires français se réinstallent, mais des persécutions à leur encontre et contre les Vietnamiens convertis se multiplient.

Sous l’impulsion du ministre de la Marine et des Colonies, Chasseloup-Laubat, et des milieux catholiques, le gouvernement de Napoléon III décide une intervention. L’Espagne et la France attaquent alors Đa Nang (Tourane) en 1858 et s’en emparent. Mais un échec devant Huê amène les Espagnols à se retirer. En 1862, par le traité de Saïgon, la cour de Huê cède à la France plusieurs provinces dans le delta du Mékong, dont la Cochinchine orientale. En 1867, la totalité de la province est annexée par la France.

La IIIe République achève la conquête commencée sous le second Empire. Après deux échecs au Tonkin, en 1883, Huê et le delta du Sông Hông (fleuve Rouge) sont occupés, et deux traités sont signés en août 1883 et en juin 1884 : le Tonkin et l’Annam deviennent des protectorats français.

Gouvernement colonial et résistance

Le 9 juin 1885, par le traité de T’ien-tsin, la Chine doit, à son tour, reconnaître le protectorat français sur le Viêt Nam, après une guerre franco-chinoise qui marque les années 1884 et 1885. Les autorités françaises s’emploient à asseoir leur pouvoir et, en 1887, le Viêt Nam, le Cambodge (puis le Laos, en 1893) sont regroupés au sein d’une Indochine française confiée à un gouverneur général. Paul Doumer qui occupe cette fonction de 1897 à 1902 en étendit les pouvoirs. La France prend en charge les finances, perçoit les impôts au nom de l’empereur du Viêt Nam ; le Conseil des ministres est présidé par le gouverneur général plaçant l’empereur sous une tutelle complète. En même temps commencent l’exploitation et la mise en valeur économique du pays.

Les nationalistes vietnamiens, qui ont d’abord espéré une modernisation du pays sur un pied d’égalité, perdent vite leurs espoirs. La mise en valeur du pays ne profite qu’aux colons et à une clientèle chinoise et vietnamienne restreinte. Exclus à tous les échelons hiérarchiques de l’administration coloniale, les Vietnamiens ne bénéficient pas des libertés les plus élémentaires d’association et d’expression, malgré des réformes tardives qui sont toujours entravées par la société coloniale et l’administration.

Aucun exutoire politique n’est offert au peuple vietnamien, à l’inverse de l’Inde, par exemple, où les mouvements nationalistes peuvent s’exprimer. Ce verrouillage politique entraîne l’émergence de mouvements radicaux, nationalistes et révolutionnaires. Un premier groupe, qui se cristallise autour du Parti nationaliste du Viêt Nam, créé en 1927, souhaite un rapprochement avec la Chine de Jiang Jieshi. En 1930, le Parti communiste indochinois est fondé à Hong Kong, par le fils d’un lettré, Nguyên Ai Quôc, plus connu sous le nom d’Hô Chí Minh.

Occupation japonaise

Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, l’action des groupes nationalistes ne rencontre qu’un écho limité. En septembre 1940, le Japon, aux prises avec la Chine, décide d’occuper militairement le Tonkin, tout en respectant la souveraineté française. Les Japonais sont très vite perçus comme de nouveaux occupants et non comme d’éventuels libérateurs. En décembre 1941, les troupes japonaises occupent le reste du pays. L’amiral Decoux continue de gouverner au nom de l’État Français (gouvernement de Vichy) jusqu’au 9 mars 1945.

Les cadres communistes qui ont échappé à la prison, comme Pham Van Dông et Vo Nguyên Giap, se réfugient à la frontière chinoise où ils retrouvent Nguyên Ai Quôc. En mai 1941, ils fondent le Front pour l’indépendance du Viêt Nam (Viêt Nam Doc Lap Dong Minh Hoi) ou Viêt-minh. Leur programme donne la priorité absolue à la reconquête de l’indépendance du Viêt Nam.

Louvoyant entre les Japonais et les Chinois du Guomindang, le Viêt-minh profite du coup de force japonais du 9 mars 1945 pour s’emparer des campagnes. Le 19 août 1945, le Viêt-minh s’installe à Hanoï et le 29 un gouvernement provisoire de libération nationale est formé avec comme conseiller suprême l’ex-empereur Bao Dai qu’on a pris soin de faire abdiquer quatre jours auparavant. Le 2 septembre 1945, l’indépendance de la « République démocratique du Viêt Nam » est proclamée par Hô Chí Minh.

Guerre d’Indochine

Roosevelt étant favorable à la décolonisation, le Viêt-minh pense profiter de la neutralité bienveillante des États-Unis. À la conférence de Potsdam, en juillet 1945, il a été décidé que Chinois et Britanniques désarmeraient les soldats japonais et occuperaient le pays jusqu’à un règlement. Mais la Grande-Bretagne, aux prises dans ses anciennes colonies avec les mêmes difficultés que la France, laisse les Français reprendre Saïgon. Dès le 24 mars 1945, une fédération indochinoise est instituée au sein de l’Union française ; elle comprend le Laos, le Cambodge, la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin. L’arrivée, en octobre 1945, du général Leclerc permet de réoccuper Hanoï et de réaffirmer la souveraineté française sur l’ensemble du Viêt Nam.

Pendant plus d’un an, les Français et le Viêt-minh négocient. Le 6 mars 1946, par l’intermédiaire de Jean Sainteny, la France reconnaît la République démocratique du Viêt Nam comme un État libre au sein de l’Union française et de la Fédération indochinoise ; mais le haut-commissaire en Indochine, l’amiral Thierry d’Argenlieu fait proclamer à Saïgon, le 1er juin 1946, une république autonome de Cochinchine, amenant le général Leclerc à démissionner. De nouvelles négociations se déroulent à Fontainebleau entre les mois de juillet et de septembre 1946, mais elles échouent.

En novembre 1946, l’impasse est complète et la pression militaire française de plus en plus forte. Après l’assassinat de plusieurs Français à Haiphong (20 novembre), le bombardement de la ville par la flotte française (23 novembre) et la riposte des forces du Viêt-minh à Hanoï (19 décembre), la guerre entre dans une nouvelle phase.

Les troupes du Viêt-minh se retirent des villes et limitent leurs opérations à des actions de guérilla, menées par le général Giap tandis que les Français forment un gouvernement avec l’empereur Bao Dai (accords du 5 juin 1948 et du 8 mars 1949). À partir de 1950, le Viêt-minh, bénéficiant des stocks de l’armée du Guomindang offerts par la Chine populaire, monte des opérations plus ambitieuses et inflige des pertes sévères au corps expéditionnaire français, comme lors de la bataille de la route coloniale 4. Le redressement opéré à Hanoï, dans le delta tonkinois et à Hoa Binh, par le général de Lattre de Tassigny, en 1952, grâce notamment à la nouvelle aide américaine, n’est qu’un répit de brève durée. Le lent grignotage des positions françaises (dirigées par le général Salan, puis par le général Navarre) se poursuit jusqu’à l’ultime bataille de Diên Biên Phu (7 mai 1954).

Paris ne pouvant plus résister à la pression d’une opinion publique lassée par une guerre lointaine, le président du Conseil, Pierre Mendès France, et le représentant du Viêt-minh, Pham Van Dông, signent, à Genève, les 20 et 21 juillet 1954, les accords de cessez-le-feu. Le Viêt Nam est divisé en deux à la hauteur du 17e parallèle ; dans le nord, l’administration est attribuée à Hô Chí Minh, à la tête de la République démocratique du Viêt Nam, État communiste. Un protocole prévoit des élections générales dans la zone sud, occupée par l’armée française et les troupes vietnamiennes de Bao Dai, avant le mois de juillet 1956, afin de décider si le Viêt Nam doit être réunifié.

Partition du Viêt Nam

L’évolution du régime sud-vietnamien aboutit à un nouveau conflit : la guerre du Viêt Nam. En juin 1954, Ngô Ðình Diêm est appelé au pouvoir par Bao Dai au poste de Premier ministre. Diêm place tous les membres de sa famille et sa clientèle à des postes clés. L’armée est épurée de ses éléments suspects, toutes les forces d’opposition neutralisées. Les sectes Cao Dai et Hoa Hao sont détruites et, par un référendum, Diêm se fait proclamer président de la république du Viêt Nam, le 23 octobre 1955, déposant Bao Dai.

Diêm refuse d’entériner les accords de Genève et déclare en 1957 que « la frontière des États-Unis passe par le 17e parallèle ». Le refus de Diêm de tolérer une opposition démocratique, son soutien à l’Église catholique dans un pays à majorité bouddhiste et taoïste, son népotisme, ainsi que son pouvoir de plus en plus dictatorial provoquent l’hostilité grandissante de la population.

L’ampleur de la répression décide les anciens combattants du Viêt-minh à reprendre la lutte armée en février 1959 ; un nouveau mouvement est constitué : les Viêt-công. Au printemps 1961, le Front national de libération du Viêt Nam du Sud (FNL) se faisant de plus en plus menaçant, Diêm recherche le soutien militaire actif des États-Unis. Le président Kennedy répond en envoyant plusieurs milliers de conseillers militaires.

À l’automne 1963, Diêm est renversé et exécuté sommairement lors d’un coup d’État organisé par le général Duong Van Minh. Le FNL profite de la confusion pour passer à l’offensive. À la suite d’un incident naval survenu en août 1964 dans le golfe du Tonkin, le président des États-Unis, Lyndon Johnson, persuadé que seule une intervention américaine directe peut empêcher l’effondrement du régime de Saïgon, ordonne le bombardement intensif et régulier du Viêt Nam du Nord et le déploiement des troupes américaines dans le Sud : la guerre du Viêt Nam commence.

L’intervention américaine pousse le Viêt Nam du Nord à intervenir de plus en plus au sud en envoyant ses meilleures troupes soutenir le Viêt-công. L’offensive du Têt, au cours des mois de janvier et de février 1968, ébranle profondément le régime de Saïgon, désormais dirigé par Nguyễn Văn Thiêu.

L’administration américaine se rend compte qu’il n’y a pas de solution militaire ; au mois de mai 1968, des négociations s’ouvrent à Paris, entre Américains et Vietnamiens. La mort de Hô Chí Minh, en septembre 1969, et son remplacement à la tête du Parti par Lê Duan, un autre chef historique du Viêt-minh, n’interrompent pas le processus entamé. Le nouveau président des États-Unis, Richard Nixon, poursuit la politique de Johnson : retrait progressif des unités américaines et « vietnamisation » de la guerre. Cependant, le conflit s’étend au Cambodge (1970), n’amenant aucun gain militaire significatif, mais provoquant de nouvelles attaques aériennes et de nouveaux bombardements de la part des Américains.

Parallèlement, les négociations continuent, grâce à l’action de Henry Kissinger et de Lê Duc Tho. Le 27 janvier 1973, Américains et Vietnamiens signent les accords de Paris. Ceux-ci prévoient le retrait total des troupes américaines et de nouvelles élections générales dans le Sud. Mais le gouvernement Thiêu refuse l’application des accords et reprend les combats, persuadé que les États-Unis interviendront en cas de menace grave. En 1975, des opérations préliminaires de l’armée populaire et des Viêt-công étant restées sans réponse de la part des États-Unis, une offensive généralisée met fin en huit semaines à un conflit vieux de seize ans : le 30 avril 1975, Saïgon tombe aux mains des communistes.

République socialiste du Viêt Nam

En 1976, le Viêt Nam réunifié forme une nouvelle République socialiste du Viêt Nam et la ville de Saïgon est rebaptisée Hô Chí Minh-Ville. Mais la fin de la guerre ne signifie pas pour autant la fin des conflits. Le problème majeur des communistes vietnamiens est de réussir le passage du communisme de guerre au communisme de paix. Le projet échoue en raison des oppositions internes et externes.

Dès 1976, les tensions aux frontières avec le gouvernement du Cambodge, dont Pol Pot est le Premier ministre, s’aggravent. Le harcèlement perpétuel des Khmers rouges, soutenus par les Chinois, décide les Vietnamiens à resserrer leurs liens avec l’URSS. Le 25 décembre 1978, le Viêt Nam lance son armée à l’assaut du Cambodge. En trois semaines, le pays est occupé et les opposants aux Khmers rouges installent un gouvernement provietnamien. La Chine, inquiète de voir le Viêt Nam s’affirmer comme la seule puissance régionale en Indochine, décide à son tour d’intervenir. Le 17 février 1979, les troupes de l’armée chinoise attaquent au nord. Les divisions d’élite vietnamiennes les contiennent, mais les régions frontalières subissent de gros dégâts. Le conflit s’arrête au mois de mars 1979.

Sur le plan intérieur, l’occupation du Cambodge, la guerre avec la Chine, la disette et la collectivisation de l’économie aggravent l’exode qui a commencé en 1978. Limité d’abord aux catholiques et aux Hoa (les Chinois du Viêt Nam), le mouvement gagne toutes les couches de la société : de 1978 à 1984, 400 000 personnes auraient fui le pays, dont la majorité par la mer dans des conditions très périlleuses ; ils ont été surnommés les boat people.

Isolé, victime d’un blocus de la part de la Chine, des États-Unis et de leurs alliés, le Viêt Nam doit se livrer à un difficile exercice : rester une démocratie populaire en adaptant son système économique à une économie de marché. Le processus ne démarre réellement qu’en 1986, à la mort de Lê Duan. Une génération de cadres favorables aux réformes économiques arrive au pouvoir et instaure la politique du Dôi moi (« Renouveau »), prônant une véritable rénovation de l’État et de l’économie, inspirée de la perestroïka. Le processus s’accélère encore en 1988 avec la promulgation d’un Code des investissements étrangers, le développement de l’entreprise familiale et la neutralisation de nombreux cadres conservateurs du parti.

La nouvelle Constitution adoptée en 1992 renforce le rôle du Parti communiste, tout en ouvrant davantage la voie aux réformes économiques. La législation, nouvellement mise en place, autorise les citoyens à créer des entreprises privées et l’État entreprend la liquidation de nombreuses entreprises publiques. Dans les campagnes, les familles obtiennent la jouissance des terres (mais pas la propriété). Cette politique de restructuration permet de ramener l’inflation, qui tourne autour de 700 p. 100 en 1986, à un taux annuel de 15 p. 100. En 1992, le pays se dote d’un nouveau chef de l’État : Lê Ðuc Anh qui gouverne avec Vo Van Kiet, Premier ministre, et Do Muoi, secrétaire général du Parti communiste.

Sur le plan diplomatique, l’évacuation du Cambodge par l’armée vietnamienne, en 1989, desserre l’étau dans lequel est pris le pays. Les chefs d’État européens et asiatiques restaurent alors leurs liens diplomatiques avec le Viêt Nam et les entreprises étrangères, attirées par les bas salaires, commencent à s’y implanter. En 1994, les États-Unis lèvent leur embargo économique et leur veto concernant l’octroi, par le Fonds monétaire international et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement, d’emprunts pour la reconstruction du Viêt Nam. Les relations diplomatiques sont rétablies entre les deux pays en janvier 1995 et complètement normalisées en août de la même année. Membre de l’Ansea depuis juillet 1995, le Viêt Nam est en train de redevenir une puissance du Sud-Est asiatique.

Mais ses relations avec la Chine demeurent très tendues en raison d’un différend au sujet de plusieurs archipels, notamment les îles Spratly et Paracel, dans la mer de Chine méridionale, présentant un intérêt économique (hydrocarbures) et stratégique (contrôle du trafic maritime entre le Proche-Orient et l’Extrême-Orient). Cependant la lutte entre conservateurs et réformistes au sein du Parti communiste vietnamien contribue à ralentir le développement du pays. Les réformistes Trân Duc Luong et Phan Van Khai sont nommés en septembre 1997, respectivement chef de l’État et Premier ministre, tandis qu’en décembre Lê Kha Phieu, partisan d’un ralentissement du rythme des réformes économiques, accède à la tête du Parti communiste vietnamien. Le faible développement économique du pays, qui reste majoritairement sous le contrôle de l'État, empêche la spéculation financière, mais le pays subit le contrecoup de la crise asiatique.

En novembre 1997, des révoltes dans les provinces de Thai Binh et du Dong Hai opposent les villageois aux cadres du parti accusés de corruption. Le général Trân Dô, issu de la vieille garde communiste, prend la tête d'un mouvement qui milite pour des réformes politiques et pour le progrès économique. En janvier 1999, il est exclu du Parti communiste. En novembre 2000, Bill Clinton effectue une visite officielle au Viêt Nam en compagnie de sa femme et de sa fille. Il est le premier président américain à s’y rendre depuis la fin de la guerre, contribuant ainsi de manière décisive au processus de réconciliation entre les États-Unis et le Viêt Nam. En avril 2001, après le limogeage du général Lê Kha Phieu, le IXe congrès du Parti communiste vietnamien porte à sa tête Nong Duc Mahn qui s’engage à lutter contre la corruption et à poursuivre les réformes économiques.

 

Haut de la page   Les sites à visiter    Accés au Forum

Mesure d'audience ROI statistique webanalytics par WebAnalytics